Quelques livres

 

souffranceeFranceSOUFFRANCE EN FRANCE

Les Français souffrent et ne le disent pas.

Comment faisons-nous pour tolérer le sort réservé à ces chômeurs et ces  » nouveaux pauvres  » dont le nombre ne cesse de croître ? Et comment parvenons-nous, dans le même temps, à accepter sans protester des contraintes de travail toujours plus dures dont nous savons pourtant qu’elle mettent en danger notre intégrité mentale et physique ?

Christophe Dejours, spécialiste du travail, découvre à l’origine de ce consentement et de cet étrange silence la peur ; puis la honte quand, pour faire fonctionner la machine néolibérale, nous finissons par commettre des actes que pourtant nous réprouvons. Il révèle comment, pour pouvoir endurer la souffrance (subie et infligée) sans perdre la raison, on se protège.

Marquer ses distances par rapport aux victimes du système est un bon moyen pour nier la peur en soi et débarrasser sa conscience de sa responsabilité vis-à-vis d’autrui.

A la lumière du concept de distorsion communicationnelle de Jürgen Habermas et surtout de celui de banalité du mal de Hannah Arendt, Christophe Dejours, patiemment, met au jour le processus qui fonctionne comme un piège. Alors la souffrance devient pensable. Et une autre conception de l’action possible.

Christophe Dejours, psychanalyste, professeur au Conservatoire national des arts et métiers et directeur du Laboratoire de psychologie du travail.

 

Femautravail-violencesFemmes au travail, violences vécues

Eve Semat

Association santé et médecine du travail

Ce sont des témoignages accablants, comme resurgis d’un autre temps, collectés patiemment par des femmes médecins du travail pendant plusieurs années, dans des entreprises privées et publiques, petites et moyennes, plus rarement grandes (dans ce cas, les relais syndicaux existent encore), tous secteurs confondus. Le silence que les femmes s’imposent dans l’entreprise est une stratégie de survie. Dans le huis clos de la consultation, elles se livrent et sont toutes d’accord pour que ça s’écrive, pour que ça se sache au dehors : c’est leur résistance à elles.

De ce recueil émerge une évidence : la violence et la précarisation concernent d’abord les femmes. Que l’on parle de personnel jeune ou âgé, et voici que ce sont des femmes. Que les récits concernent des handicapés, et ce sont essentiellement des handicapées. Des immigrés ? Des immigrées ! Les contrats à temps partiel (imposé et non «choisi», avec des horaires fluctuants) sont réservés aux femmes dans 85 % des cas!

«Des témoignages alarmants sur les conditions de travail faites aux femmes, un document exceptionnel»

Au‑delà de sa valeur documentaire exceptionnelle, ce livre invite les médecins du travail, confrontés à des situations semblables, à une réflexion éthique sur la clinique de la santé au travail. Peut ‑on aujourd’hui s’en tenir à vérifier l’aptitude des salarié(e)s et faire comme si les souffrances psychologiques relevaient de la sphère privée et avaient d’autres lieux pour s’exprimer ? Évidemment non. Se former à une écoute compréhensive, et oeuvrer collectivement pour que ces paroles soient entendues comme le signe évident d’une dérive inquiétante dans le monde de l’entreprise est une urgence !

Ce livre s’adresse à tous les professionnels concernés.

Ève Semat est le pseudonyme d’un collectif de trente-deux médecins du travail, membres de l’Association Santé et médecine du travail (SMT), qui se réunit depuis 1979.

L’association SMT a publié Souffrances et précarités au travail (Syros, 1994) et Des médecins du travail prennent la parole, un métier en débat (Syros, 1998, nouvelle édition en janvier 2000 )