RSI intérim travail dissimulé sans-papiers : la justice ouvre un procès historique contre l’agence d’intérim RSI-Belvédia, accusée d’avoir exploité des travailleurs sans papiers pendant des années. Le 29 avril 2025, au tribunal correctionnel de Nanterre, ce système d’exploitation arrive enfin devant les juges.
« Nous voulons juste travailler, nous ne sommes pas des voleurs », clame Mahamadou devant la 14e chambre du tribunal. Comme lui, des dizaines de travailleurs sans papiers ont travaillé pendant des années pour RSI-Belvédia sur des chantiers et dans des entrepôts, toujours dans l’ombre – sans contrat en règle, sans droits, sans reconnaissance.
Depuis 2021, ces hommes ont mené une grève exemplaire, soutenus par le Comité des Sans-Papiers de Vitry et la CGT. Grâce à leur mobilisation, ils ont occupé un piquet devant l’agence RSI de Gennevilliers pendant des semaines. Cette action leur a permis d’obtenir 45 certificats Cerfa, première étape vers une régularisation. Cependant, très peu d’entre eux ont réellement obtenu des papiers.
Pendant ce temps, les dirigeants de RSI – tout comme certaines entreprises utilisatrices – ont détourné le regard, voire organisé directement le recours à de faux documents pour exploiter cette main-d’œuvre sous-payée et surexposée. Ce mécanisme reflète parfaitement le système de RSI intérim travail dissimulé sans-papiers.
En effet, l’inspection du travail a lancé son enquête dès 2021 et mis au jour un système rodé : des « apporteurs d’affaires », des identités prêtées, des payes en liquide, des agents qui fermaient les yeux. Autrement dit, ce réseau institutionnalise le mépris pour les vies humaines derrière les matricules.
La défense nie toute responsabilité et rejette la faute sur des « intermédiaires ». Pourtant, les témoignages – qu’ils viennent de DRH, d’inspecteurs ou de syndicalistes – convergent : RSI savait. RSI a laissé faire. RSI a profité.
La CGT aux côtés des invisibles
Depuis le début, la CGT accompagne ces travailleuses et travailleurs qui font tourner l’économie tout en étant privés de droits. Car soyons clairs : ce n’est pas un « dysfonctionnement ». C’est un modèle.
Un modèle dans lequel l’intérim sert à flexibiliser, précariser, invisibiliser. Un modèle qui sacrifie la dignité et la protection sociale sur l’autel du profit.
C’est pourquoi ce procès ne doit pas se lire comme un fait divers judiciaire. Il reflète un système que nous combattons chaque jour sur les chantiers, dans les entrepôts, au pied des agences.
Ainsi, la lutte continue pour la régularisation de tous les travailleurs sans papiers. Et nous continuerons à exiger que les entreprises comme RSI rendent des comptes à hauteur des dégâts humains qu’elles causent.
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📎 Lire l’article du Parisien :
👉 https://www.leparisien.fr/hauts-de-seine-92/les-sans-papiers-sont-de-la-chair-a-chantier-les-dirigeant-de-la-societe-dinterim-rsi-devant-les-juges-29-04-2025-5GTJXZDELBAOJP5CT4J7OVIF5I.php