Malgré le succès commercial du Renault Trafic, l’usine Renault de Sandouville continue de
recourir massivement aux contrats intérimaires pour des postes durables. La CGT alerte
sur l’exploitation systématique des intérimaires, qui a conduit Renault devant la justice pour
abus de sous-traitance.
L’audience, initialement prévue le 9 octobre, a été ajournée, mais la lutte continue.
L’usine Renault de Sandouville, près du Havre, est devenue un symbole de la précarité imposée aux salariés intérimaires.
Alors que le Renault Trafic est un véritable succès commercial, avec des carnets de commandes remplis plusieurs mois à l’avance, Renault a préféré exploiter massivement les contrats intérimaires plutôt que d’embaucher des salariés en contrat à durée indéterminée (CDI).
Depuis 2014, l’usine fonctionne largement grâce à des intérimaires. À son apogée, en 2016, jusqu’à 90 % des effectifs du département de montage étaient composés d’intérimaires. Cette situation a poussé l’inspection du travail à intervenir dès juillet 2016, dénonçant un recours abusif à l’intérim pour des postes permanents.
Face à cela, Renault a continué de se justifier en avançant un manque de visibilité sur la demande future du Trafic, malgré des preuves flagrantes du contraire, telles que des carnets de commandes pleins pour les trois mois à venir.
Les pratiques de Renault ont été qualifiées d’illégales, et l’entreprise a été assignée en justice pour « mise à disposition de salarié temporaire pour un emploi durable et habituel » pour la période 2014-2018. Les démêlés judiciaires de Renault, pourtant bien documentés, se poursuivent, et l’audience qui devait se tenir le 9 octobre 2024 devant le tribunal correctionnel du Havre a été reportée.
Ce report n’enlève rien à la gravité des faits reprochés : plus de 900 contrats intérimaires sont concernés, avec une sanction financière estimée à 3,5 millions d’euros. En outre, Renault pourrait être confrontée à des recours individuels pour la requalification de ces missions en CDI.
Les agences d’intérim comme Randstad et CRIT, qui fournissent une grande partie de cette main-d’œuvre précaire, sont également impliquées dans ce système abusif.
En Normandie, la directrice régionale de Randstad reconnaît une durée moyenne de mission de 4 à 5 mois, bien supérieure aux trois mois initialement justifiés par Renault.
Quant à CRIT, leur rôle dans la chaîne de sous-traitance de Sandouville reflète également une utilisation prolongée et injustifiée de l’intérim. Ces entreprises participent pleinement à l’exploitation des travailleurs temporaires, souvent maintenus dans l’incertitude concernant leur avenir professionnel.
Mais pour l’inspection du travail, cet argument ne tient pas, surtout au vu des ordres de fabrication réguliers et du maintien constant des commandes. La stratégie de Renault est claire : garantir une flexibilité totale en maintenant un recours massif à l’intérim pour éviter des embauches permanentes.
Cette flexibilité se fait au détriment des intérimaires, première ligne exposée aux risques d’accidents du travail.
L’usine de Sandouville a connu une série d’incidents graves, dont des troubles musculo-squelettiques et des traumatismes non pris en charge correctement. Ces accidents touchent en majorité les intérimaires, davantage exposés à la pénibilité des postes, notamment lors des équipes de nuit où la sécurité est souvent réduite.
Malgré les tentatives répétées de l’inspection du travail d’imposer une régularisation de ces emplois, Renault persiste dans cette voie, prétextant une incertitude sur l’avenir du marché automobile, un raisonnement qui ne tient plus la route.
Au-delà de l’amende financière, c’est une question de justice que nous, à la CGT Intérim, continuons de défendre aux côtés de nos camarades de la CGT Renault Sandouville.
Ensemble, nous exigeons que les postes durables soient pourvus par des contrats durables.